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Évangiles glosés du Collège Saint-Bernard

Troyes, M.G.T., ms. 81 (XIIIe siècle)

Le Collège saint Bernard fut institué en 1245 par l’abbé de Clairvaux Étienne de Lexington, pour permettre à des moines de l’ensemble de l’ordre cistercien de suivre un enseignement de théologie universitaire.

Manuscrits

Après 1320, Clairvaux ayant cédé la gestion du Collège, les manuscrits constituant la petite bibliothèque du Collège furent restitués à l’abbaye qui en restait propriétaire. Une quarantaine de manuscrits affectés au Collège saint Bernard subsistent, parmi lesquels une collection de 16 manuscrits de Bible glosée (Médiathèque du Grand Troyes, mss. 81, 104, 217, 218, 229, 237, 255, 418, 457, 478, 481, 491, 532, 932, 1028, 1378). Elle devait rassembler à l’origine au moins 20 volumes. En effet, manquent le Lévitique, le Livre d’Ézéchiel et surtout les Épitres et l’Apocalypse. Par ailleurs, plusieurs textes sont présents en plusieurs exemplaires (le Psautier, les Livres attribués à Salomon, les Petits Prophètes et l’Evangile de Luc).

Cette collection est extrêmement hétéroclite dans son origine, sa mise en page, son contenu et son traitement bibliothéconomique. Trois manuscrits ont été donnés à Clairvaux, vraisemblablement avant la fondation du Collège saint Bernard, deux par Jean de Pise, chanoine de Lausanne (ms. 1378 et 217), et un par Barthélémy, fils de Gui le Laboureur (ms. 255) ; deux comportent une note précisant qu’ils ont été achetés par Clairvaux pour le Collège : les Évangiles glosés (ms. 81) et un Évangile de Luc glosé, copié au XIIe siècle (ms. 932). Enfin, deux manuscrits ont été donnés pour le Collège (ms. 104 et 229)

La mise en page, la décoration et le contenu varient considérablement selon les volumes. Le ms. 81 constitue la mise en page la plus aboutie. Il comporte deux niveaux de glose, la Glose ordinaire et une glose anonyme, copiée dans une écriture de petit module. S’y ajoutent des gloses complémentaires du XIIIe siècle, certainement écrites au Collège Saint-Bernard. De telles additions sont récurrentes dans les manuscrits du Collège.

Le ms. 81 présente des lettrines animées de figures monstrueuses et une structuration soigneuse du texte au moyen de pieds-de-mouches alternativement rouges et bleus et de titres courants également rouges et bleus. Il est très proche stylistiquement du ms. 418 (Livre de la Sagesse et Ecclésiastique).

Les 16 manuscrits ont reçu au XIIIe s. un ex-libris avec un anathème exprimé comme suit : « Celui qui volera ce livre, le vendra ou effacera son possesseur, qu’il soit anathème ». Cette formule reprend approximativement celle qui protégeait les manuscrits donnés par Jean de Pise. Ex-libris et anathème ne sont nullement uniformes quant à leur écriture et leur mise en page. Plusieurs ont été copiés en écriture livresque monumentale, sur un verso vierge, en fin de manuscrit (mss. 255, 491, 218). Pour le ms. 81 en revanche, ces mentions subsistent en écriture cursive sur un bi-feuillet de garde relié en tête du manuscrit.