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Fragments de tableaux de service

Troyes, M.G.T., ms. 276. Clairvaux, 1204-1221

Les mss. 235, 276 et 488 de la M.G.T. ont conservé, sous forme de feuillets de garde, sept fragments de tableaux de service de Clairvaux pour les années 1204 à 1212 et 1213 à 1221. Remarqués en 1730 par l’abbé Jean Lebeuf, chanoine d’Auxerre et érudit, ils ont fait l’objet d’une analyse fine par André Vernet dès 1949.

Tableaux de service de Clairvaux

À l’origine, les tableaux se présentent sous forme de deux pages se faisant face, constituant un ensemble de 10 colonnes sur 9 lignes, correspondant à un mois.

Les années (1213 à 1221 dans le ms.71) sont indiquées en tête de chaque ligne. Les colonnes correspondent aux différents services : à gauche, les messes votives pour l’abbaye, les défunts, le roi et le comte ainsi que la messe en l’honneur de la Vierge; à droite, la lecture à table et le service en cuisine, auquel quatre colonnes sont dédiées.

Les noms des moines chargés pour une semaine des services correspondant sont renseignés dans les cases, à raison de quatre noms par case pour chacune des semaines composant le mois. Les tableaux, rassemblés dans un registre, devaient être réutilisés annuellement. Les mentions de jours, ajoutées par le copiste du calendrier, semblent n’avoir aucune fonction.

André Vernet a recensé dans les sept fragments conservés 2 270 inscriptions correspondant à environ 500 moines identifiés par leur nom et leur origine géographique – cette dernière mention servant manifestement, dans le tableau, à distinguer les homonymes. Ces documents constituent d’abord une source fiable sur la démographie de l’abbaye : le nombre des moines de chœur au début du XIIIe siècle avoisinait les 260 sur une année.

Il nous renseigne également sur l’aire de recrutement de l’abbaye : par ordre d’importance, les moines viennent de Champagne, du Bassin Parisien, de Normandie, d’Angleterre (environ 10%), du Nord de la France, des Flandres et de la Rhénanie. En revanche, très peu sont d’origine occitane, galicienne, portugaise ou italienne.

Quelques noms connus par ailleurs apparaissent dans ces fragments : Pierre de Bar, lecteur au réfectoire en mars 1214, termina ses jours comme cardinal et légua à Clairvaux toute une collection de Bibles glosées.

Citons enfin l’intérêt onomastique de ce document et son intérêt paléographique dû à la diversité des mains et des styles.

Pierre Gandil