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Histoire

La conception de l’histoire au Moyen Âge est très différente de la nôtre. Pour simplifier, elle est perçue selon un angle providentiel, comme une histoire du salut, une continuation de l’histoire sainte écrite dans la Bible. Aussi la Bible tient-elle une grande part dans l’écriture de l’histoire, soit comme modèle et point de référence, soit comme partie de l’histoire universelle.

La Bible

L’interprétation littérale de la Bible, qui consiste au Moyen Âge à l’étudier comme récit historique, se rattache ainsi à l’histoire. Par ailleurs, les vies de saints, avec bien entendu les nombreux récits de miracles qui s’y rattachent, sont également considérées comme relevant de l’histoire.

En 1472, ces vies de saints constituent la part principale des collections d’histoire de Clairvaux. Ils représentent 33 volumes, dont 12 exemplaires de la Légende dorée, synthèse des vies des principaux saints mettant particulièrement l’accent sur les récits miraculeux.  

Or Quintien, gouverneur de Sicile mais de basse naissance, libidineux, cupide et adonné aux idoles, tentait d’épouser sainte Agathe. En effet, étant de basse extraction, il voulait se faire craindre en épousant une noble ; étant libidineux, il voulait jouir de sa beauté; étant cupide, il voulait s’emparer de ses richesses; et, comme idolâtre, il voulait l’obliger à sacrifier à ses dieux.
Jacques de Voragine, Légende dorée, Gallimard 2013.

Les autres ouvrages historiques sont divisés entre histoire de l’Église et histoire universelle et classés au sein de chaque catégorie par ordre chronologique. L’Histoire scolastique de Pierre le Mangeur, principale interprétation littérale de la Bible, est bien représentée avec 9 volumes. Les histoires universelles vont de textes antiques ou considérés comme tels – comme l’Histoire d’Alexandre le Grand ou la Guerre des Gaules de Jules César – à des textes plus récents relatifs notamment aux croisades.

Cette partie du catalogue s’achève sur un ouvrage considérable, le Miroir de l’histoire. Cet ouvrage constitue le troisième volet d’une gigantesque encyclopédie compilée par un dominicain du nom de Vincent de Beauvais. Elle se compose de trois parties : le Miroir de la nature, le Miroir de la doctrine et le Miroir de l’histoire. Clairvaux ne possède que cette troisième partie, qui représente à elle seule deux volumes manuscrits, soit près de 800 feuillets.

Le Miroir historial s’achève au milieu du XIIIe siècle, comme les textes les plus tardifs cités dans le catalogue. Il est frappant de constater qu’en 1472 Clairvaux ne possède aucun texte historique sur les XIVe et XVe siècles.