Un fragment d’un catalogue du XIIe siècle
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Troyes, M.G.T., ms. 32, f. 1-1v. Clairvaux, 2e moitié du XIIe siècle.

L’intérêt principal du ms. 32 réside dans la feuille de garde volante supérieure qui lui a été jointe lors de sa première reliure, au début du XIIIe siècle, et a heureusement été conservée lorsque la reliure a été changée au XVIIIe siècle.

Il s’agit du premier feuillet d’une liste de manuscrits de Clairvaux établie au cours du XIIe siècle. Ce plus ancien témoin de la bibliothèque de l’abbaye recense 90 articles représentant une centaine de volumes. D’après les textes cités, cette liste fut établie dans la deuxième moitié du XIIe siècle. Elle a été tenue à jour quelques temps, comme en attestent notamment six articles grattés, la mention du prêt de deux manuscrits à l’abbaye de Mores et plusieurs additions, dont celles de deux exemplaires du Décret de Gratien.

Par extrapolation à partir des manuscrits du XIIe siècle subsistant de la bibliothèque de Clairvaux, il est permis de supposer que la liste entière comptait quatre feuillets et recensait plus de 350 volumes. Un tel chiffre met la bibliothèque de Clairvaux au rang des grandes bibliothèques monastiques de l’époque. Le feuillet conservé nous renseigne sur une partie bien spécifique de la collection claravallienne : les Bibles (4 articles) et les écrits de Pères de l’Eglise : saint Augustin (42 articles), Origène (8 articles), saint Hilaire (3 articles), saint Ambroise (9 articles) et saint Jérôme (18 articles). Les descriptions très sommaires ne mentionnent généralement que les principaux titres présents dans le manuscrit et le nombre de volumes. Ces indications suffisent pourtant à identifier quelques ouvrages remarquables, la Grande Bible de Clairvaux, copiée vers 1150, ou la collection d’œuvres de saint Augustin en 7 volumes, mais aussi des textes rares comme le Periarchôn d’Origène. Moyennant d’indispensables recoupements avec le catalogue de 1472 et les manuscrits subsistant, ce document s’avère donc une source précieuse d’informations sur l’histoire précoce de la bibliothèque.

Pierre Gandil