Grande Bible de Clairvaux
image_pdfimage_print

image_pdfimage_print

Troyes, M.G.T., ms. 27. Clairvaux, v. 1155-1165

Sur les six volumes qui ont composé la Grande Bible à l’origine, seuls cinq subsistent, celui qui contenait Job, le Psautier et les Livres de Salomon étant perdu. Tous les volumes sont écrits par le même copiste, un des grands calligraphes du XIIe siècle.

Son écriture rigoureuse est d’une verticalité stricte, les têtes des jambages sont nivelées, comme si elles avaient été rabotées et en bas elles tombent droit sur la ligne rectrice, sans pied. C’est une écriture qui se rapproche de celle appelée textualis prescissa ; elle en est l’un des plus anciens exemples. Elle a servi de modèle à Clairvaux pendant plus d’un quart de siècle pour les manuscrits les plus solennels. Il a fallu entre trois et six années pour transcrire l’ensemble des six volumes de la Grande Bible (environ 1 200 feuillets à deux colonnes de 29 lignes). On doit à notre copiste au moins six autres volumes, tous des pierres angulaires de la bibliothèque et de la vie monastique : les Vies de saints (ms. 1), le Lectionnaire (ms. 36), les Morales sur Job (ms. 76, deux tomes, avec un autre copiste), la page de titre d’un recueil patristique (ms. 256) et un autre recueil patristique (ms. 867). Une des singularités textuelles de chaque volume de la Grande Bible est la transcription en annexe des interprétations des noms hébreux propres aux livres contenus dans le volume, à l’image de la Bible offerte à saint Bernard par le comte de Champagne Thibaud II (ms. 458).

Quant à l’enluminure, les initiales ornées de la Grande Bible de Clairvaux sont les chefs-d’œuvre du style monochrome. Peintes en camaïeu, elles s’inspirent souvent des motifs développés dans les manuscrits de Cîteaux, de Montiéramey et de Clairvaux pendant le second tiers du siècle. En revanche, la feuille en forme de coquille (par ex. aux fol. 3v et 59v) et les contours dessinés en pointillé blanc sont les emprunts du Channel Style des années 1160.