Pierre Lombard, Commentaire sur les Épîtres de saint Paul
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Troyes, M.G.T., ms. 48. Dijon, v. 1160-1170

Bien que le texte de ce commentaire de Pierre Lombard ne soit pas la version primitive signalée par Ignatius Brady dans quatre manuscrits (son éd. de P. Lombard, Sententiae, I, 1971, p. 65-68), le livre atteste néanmoins, par son ancienneté, de la diffusion rapide de l’œuvre en-dehors de la capitale.

L’artiste qui a peint ces initiales est l’auteur d’un grand nombre des initiales historiées dans la Bible de Saint-Bénigne de Dijon (Bibl. mun. Dijon, ms. 2), peinte cinq ou dix ans auparavant, où on retrouve sa palette assez singulière, combinant les demi-tons d’un vert bleuté et d’un rouge rouillé. Dans le commentaire du Lombard, son répertoire floral reste plus ou moins le même que celui de la Bible, mais prend de l’ampleur, avec plus de corps et de simplicité. Au premier feuillet, il reprend du feuillet 7v de la Bible le masque qui avale la lettre I ; l’initiale et l’encadrement en camaïeu du ms. 2 de Dijon sont eux-mêmes une reprise de la page de titre du magnifique manuscrit des Vies de saints copié à Cîteaux dans les années 1130 (Bibl. mun. Dijon, ms. 641).  Deux nouveautés empruntées aux manuscrits d’origine parisienne sont les motifs blancs dans les coins du fond entourant l’initiale (calqués sur le modèle du peintre de certains des plus anciens manuscrits du Lombard : M.G.T., ms. 900 et Bibl. nat. Fr., ms. lat. 17246) et l’initiale champie au feuillet 111.

Vers la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, le propriétaire, Barthélemy de Langres, a inscrit son ex-libris au verso du premier feuillet de garde. Dijon est dans le diocèse de Langres, ce qui semble expliquer en partie la genèse bourguignonne du manuscrit. Le nom de ce personnage est inconnu dans les manuscrits subsistants de Clairvaux. S’agit-il du don d’un prélat fortuné qui s’est retiré à Clairvaux ou d’un abbé cistercien ? Il est possible que le manuscrit ait appartenu à l’un des deux abbés appelés Barthélemy à Mores, une abbaye fille de Clairvaux, située près de Bar-sur-Aube et dépendante du diocèse de Langres. Le premier Barthélemy siégeait entre 1191 et 1196, le second entre 1198 et 1205/1210. Les manuscrits de Mores ont été récupérés à divers moments par Clairvaux ; celui-ci figure déjà dans l’inventaire de 1472.

Patricia Stirnemann