Arts libéraux et philosophie
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La section « Arts et philosophie » du catalogue de 1472 correspond aux enseignements très divers des facultés d’arts libéraux. Cette notion d’arts libéraux est un héritage de l’Antiquité tardive. Elle constitue une référence pour l’enseignement médiéval.
Les arts libéraux, au nombre de sept, se répartissent en deux ensembles, le trivium et le quadrivium :

  • Le trivium correspond aux disciplines du langage, grammaire, dialectique, rhétorique.
  • Le quadrivium enseigne la connaissance de l’univers par quatre disciplines : arithmétique, géométrie, astronomie et musique.

 

L’enseignement des arts libéraux à l’université occupe une place particulière : il constitue un préalable obligé à l’étude des autres disciplines, théologie, droit et médecine ; mais une partie des enseignants et des étudiants de cette faculté, les « artiens », considère cette étude comme une fin en soi. Les artiens de la fin du Moyen Âge ont développé l’étude de la philosophie ainsi que certains travaux scientifiques et favorisé les progrès de l’étude des belles-lettres.

Clairvaux fait la part belle à l’étude des lettres. La section « arts et philosophie » s’ouvre sur un ensemble très riche d’ouvrages de grammaire ; à l’époque médiévale, cette discipline couvre également l’orthographe et des rudiments de linguistique.

La logique, ou dialectique, était une discipline reine dans l’enseignement des arts aux XIIIe et XIVe siècles. Abélard avait ouvert la voie au début du XIIe siècle en appliquant la dialectique à l’étude de l’Écriture et des Pères de l’Église ; tous les théologiens du XIIe siècle ont dû prendre position sur la place à donner à la dialectique dans l’interprétation des textes sacrés.

Abélard s’appuie sur un ensemble de textes d’Aristote ou inspirés de lui appelé « vieille logique ». Au début du XIIIe siècle s’impose la « nouvelle logique », fruit de la découverte et de la traduction de nouveaux textes d’Aristote.

À partir du milieu du XIIIe siècle, la connaissance de la « nouvelle logique » est indispensable à l’apprentissage de la théologie. Pourtant, les 9 volumes de logique que Clairvaux possède en 1472 relèvent en majorité de la « vieille logique ».

La rhétorique enseigne l’art de bien parler et de bien écrire. Cette section s’ouvre sur une approche théorique de la discipline, illustrée par un unique manuscrit de la Rhétorique d’Aristote et par les œuvres de Cicéron, ou celles qui lui sont attribuées. S’y ajoutent d’autres textes plus récents et même quelques recueils de modèles de lettres.

Après les textes théoriques viennent les modèles que constituent les écrits des grands auteurs. Ovide tient la meilleure place ; mais apparaissent aussi Virgile, Horace, Lucain, Juvénal, Stace et Claudien. Sont ensuite cités des textes de la fin du XIIe siècle : LAlexandréide de Gautier de Châtillon, qui constituait aux XIIIe et XIVe siècles la base de l’enseignement de la rhétorique ; L’Aurore de Pierre Riga et L’Anticlaudianus d’Alain de Lille.

Les disciplines scientifiques ne sont représentées que par 12 volumes : des manuels classiques d’arithmétique, de géométrie et d’astronomie suivis de plusieurs volumes de comput, une technique permettant principalement de calculer les calendriers liturgiques. Aucun ouvrage de musique n’est signalé.

Tout cet ensemble, qui reprend l’organisation traditionnelle du savoir, est suivi de la nouvelle philosophie, composée des textes d’Aristote diffusés à la fin du XIIe siècle, et de leurs commentaires par des maîtres modernes, Albert le Grand, saint Thomas d’Aquin, Gilles de Rome. Dans cette section conséquente, le catalogue met en relief la Physique, la Métaphysique et l’Ethique d’Aristote.
Cette section du catalogue s’achève sur 3 exemplaires d’un traité de philosophie politique de Gilles de Rome ; Clairvaux ne possédait pas la Politique d’Aristote, à laquelle ces ouvrages auraient normalement dû se rattacher.