Panorama des collections de Clairvaux en 1472
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Bibles et commentaires
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On aurait tort de penser que toutes les bibles conservées à Clairvaux se ressemblent. La présentation du texte biblique évolue grandement entre 1115 et 1472. Au XIIe siècle, les bibles entières comptent plusieurs volumes. Au XIIIe siècle, un parchemin plus fin et une écriture plus petite permettent de réaliser des copies en un seul volume. Mais à cette même époque se multiplient les bibles glosées, en une dizaine de volumes.

 

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Le catalogue de 1472 recense 4 bibles complètes en plusieurs volumes, dont 3 sont attestées à Clairvaux dès le XIIe siècle, et 14 bibles entières en un seul volume de grand, moyen ou petit format. Au moins 2 bibles en plusieurs volumes ont été utilisées pour des lectures collectives, dans l’abbatiale ou au réfectoire. Bien que cela ne soit nullement signalé dans le catalogue de 1472, les bibles en un volume, notamment de petite taille, ont pu servir de support à la méditation et à la prière personnelle. et 

Dans les bibles glosées, au texte biblique est associée une glose, c’est-à-dire un commentaire. Celui-ci consiste en une interprétation ligne à ligne, voire mot à mot, du texte biblique, appuyée sur les commentaires qu’ont faits les Pères de l’Eglise des différents livres bibliques. La glose se constitue au cours du XIIe siècle ; au XIIIe siècle elle se présente sous une forme achevée, tant dans son texte que dans sa forme. Jusqu’à la fin du Moyen-Âge, elle constitue un des supports de l’enseignement de la théologie, véritable manuel unissant le texte et son interprétation, à l’image des ouvrages universitaires modernes surchargés de notes en bas de page. et 

Parmi près de 200 volumes de Bible glosée conservés à Clairvaux, certains ont pu nourrir la vie spirituelle des moines. C’est probablement le cas de la vingtaine de psautiers glosés que signale le catalogue.

En revanche, un autre type de livre est d’usage exclusivement universitaire : les concordances bibliques, qui sont des sortes d’index permettant de retrouver dans la Bible des mots ou des citations. Ce type de manuscrit a été inventé au XIIIe siècle. Les volumes peuvent être de très grande taille et sont souvent écrits en petites lignes d’écriture, avec beaucoup d’abréviations, car ils contiennent plus de texte qu’une Bible. et

Les commentaires bibliques sont particulièrement nombreux dans les collections claravalliennes. Sont rassemblés sous cette catégorie nombre d’écrits des Pères de l’Eglise. Ces auteurs, qui ont écrit entre le IIIe et le VIIe siècle de notre ère, sont considérés comme des références pour une interprétation juste et saine de la Bible, loin de toute hérésie. Les Pères les plus importants pour l’Église latine sont :

  • saint Jérôme (347-420)
  • saint Ambroise (v. 340-397)
  • saint Augustin (354-430)
  • saint Grégoire le Grand (540-604), pape en 590

Les Pères grecs sont généralement moins connus en Occident, à l’exception d’Origène (v. 185-v. 253).

Saint Jérôme jouit d’une considération particulière comme étant l’auteur de la Vulgate, traduction de la Bible appuyée sur les textes grecs et hébreux. Dans les manuscrits médiévaux de la Bible, la plupart des livres sont précédés d’une préface de saint Jérôme.

Certains des commentaires des Pères constituent des textes de référence de la spiritualité occidentale, tel le commentaire du Livre de Job par le pape Grégoire le Grand. Les multiples commentaires du Psautier sont très importants pour la spiritualité monastique. Origène est l’auteur d’Homélies sur le Cantique des Cantiques également très appréciées des moines. Ce texte a inspiré à saint Bernard une œuvre majeure, les Sermons sur le Cantique des Cantiques 1.

D’autres textes émanent de contemporains de saint Bernard et d’auteurs plus modernes. Dans le cas de ces derniers, il s’agit presque uniquement de maîtres parisiens dont les compositions ont un caractère nettement universitaire. C’est le cas des Postilles écrites par Nicolas de Lyre au XIVe siècle, qui proposent une interprétation historique de l’intégralité de la Bible très riche et très documentée.  

 

Références

  1. 1.  Dans le catalogue de 1472 les Sermons de saint Bernard sont cités avant les Homélies d’Origène.