Enluminure et couleurs au Moyen Âge
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Le Bleu

Le pigment bleu était souvent extrait du pastel dans la mesure où cette plante était abondamment cultivée en Europe. Toutefois, les plus fortunés pouvaient utiliser le lapis-lazuli, une pierre semi-précieuse importée d’Afghanistan et qui se présente sous la forme de blocs de roche grise et bleue que l’on broie par petites quantités dans des mortiers en bronze. La poudre obtenue est mélangée à une matière grasse comme de la cire puis pétrie dans de l’eau afin d’isoler le pigment recherché. Les enlumineurs appréciaient beaucoup ce bleu profond qu’ils assombrissaient ou éclaircissaient en incorporant de l’encre au carbone ou en ajoutant davantage de liant (gomme arabique). Le prix du lapis-lazuli, également appelé lazurite, était si élevé qu’il était souvent exprimé en onces d’or.


Pour faire un excellent bleu outremer, prenez du lapis-lazuli à volonté et broyez-le finement sur une meule de porphyre, puis faîtes une masse ou une pâte des ingrédients suivants : pour une livre de lapis, prenez six onces de poix grecque, deux de mastic, deux de cire, deux de poix noire, une huile d’aspic ou de lin et une demi-once de térébenthine, faîtes bouillir le tout dans une casserole jusqu’à les presque fondre, puis filtrez et recueillez le produit dans l’eau froide, remuez et mélangez bien avec la poudre de lapis-lazuli jusqu’à les incorporer, et laissez reposer huit jours ; plus ils reposent, meilleur et plus fin sera le bleu ; puis malaxez la pâte avec les mains en arrosant d’eau chaude, aussitôt le bleu en sortira avec l’eau ; la première, la seconde, la troisième eau sont à conserver séparément. Et lorsque vous verrez le bleu descendu au fond du récipient, jetez l’eau et gardez-le bleu

Livre des couleurs de Jean Lebègue (1431)

Références

  1. 1.  le codex est le support de l’écrit que nous appelons « livre ». Il est composé de feuillets rassemblés en cahiers cousus ensemble puis reliés.
  2. 2.  vitriol : acide sulfurique