Enluminure et couleurs au Moyen Âge
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L'Or

Aucun autre corps n’est plus extensible en largeur que l’or ni ne se laisse réduire en un plus grand nombre de parties, puisqu’une once se divise en 750 000 feuilles ou plus.

Cette description de l’or extraite de l’Histoire Naturelle de Pline  révèle l’admiration et la fascination suscitées par ce métal dès l’Antiquité. L’or se trouve dans la nature sous forme de pépites. Malléable et résistant, à la fois dense et tendre, il est le plus noble des métaux.

Symbole de richesse et de lumière sa couleur dorée est utilisée pour sublimer l’enluminure.

Le battage de l’or, transformation des pépites en feuilles d’or, permet la pose de ce métal  sur le parchemin. Cependant, afin d’assurer son adhésion au support, la pose d’un enduit est nécessaire. Celui-ci est fabriqué avec du plâtre éteint, de la colle de poisson, du blanc de plomb, du sucre, du miel ou de la terre d’ocre.

Une fois l’or appliqué, il faut encore le brunir : il est poli puis lissé avec une pierre dure, taillée en forme de dent de loup. Cette dernière étape  le rend brillant et assure une meilleure adhérence sur l’enduit.


 

Sache que pour l’or que l’on emploie sur des surfaces planes, on ne devrait pas tirer plus de cent feuilles d’un ducat, alors qu’on en tire cent quarante-cinq ; car l’or utilisé doit être plus épais. Si tu veux être sûr de l’or, quand tu l’achètes, prends-le chez un bon batteur d’or et regarde-le : si tu vois qu’il présente des moirures et qu’il est raide comme du parchemin de chevreau, considère-le alors comme bon. Sur les moulures et les feuillages, on dore mieux avec un or plus mince ; pour les frises délicates et les ornements faits au mordant, il faut un or très mince, léger comme une toile d’araignée.

Cennino Cennini, Le livre de l’art (1437)

Références

  1. 1.  le codex est le support de l’écrit que nous appelons « livre ». Il est composé de feuillets rassemblés en cahiers cousus ensemble puis reliés.
  2. 2.  vitriol : acide sulfurique